La biodiversité et son importance
Comme son nom l’indique, la biodiversité correspond à la vie sur Terre dans sa grande diversité. Elle correspond à l’ensemble des êtres vivants de notre planète ; la faune, la flore, les bactéries, les champignons, les micro-organismes et la manière dont ils interagissent entre eux dans leurs milieux naturels (forêts, prairies, cours d’eau, océans…). Entre d’autres termes, il s’agit du développement et de l’évolution de la vie dans les différents écosystèmes.
La préservation et le respect de cette biodiversité représente un enjeu majeur dans le cadre de la transition écologique et donc dans la survie de l’Homme et le maintien de l’équilibre et la mécanique complexes et fragiles que la nature a mis des millénaires à construire.
La biodiversité participe à la régulation du climat, à l’épuration de l’eau et au bon fonctionnement de son cycle, à la pollinisation, au stockage du carbone, à la fertilisation des sols, à la production de biomasse, à la prévention d’inondations, à la production de médicaments et bien d’autres. Autrement dit, elle joue un rôle indispensable dans de nombreux domaines vitaux pour l’Homme.
Un triste constat
En France, et même à l’échelle mondiale, le constat est alarmant. Les activités humaines ont un impact négatif sur la biodiversité. Les experts internationaux s’accordent à dire qu’au rythme actuel, nous nous dirigeons vers une sixième extinction de masse. En effet, on estime que 75% des écosystèmes terrestres et 40% des marins sont fortement dégradés. Selon l’IPBES (Intergouvernemental Science Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services), le taux d’extinction est actuellement 100 à 1 000 fois supérieur à celui calculé au cours des temps géologiques. Certes la nature a toujours réussi à s’adapter aux modifications des écosystèmes mais le rythme imposé par l’Homme est trop important pour que les espèces s’adaptent.
Quelles sont les causes de la perte de biodiversité ?
Dans son histoire moderne, notamment depuis la révolution industrielle, l’Homme exerce une pression énorme sur les milieux et les ressources naturelles pour subvenir à ses besoins. Un certain nombre de causes à cette perte de biodiversité sont clairement identifiées :
- La destruction et la fragmentation des milieux naturels. L’artificialisation et l’imperméabilisation des sols dues à l’urbanisation et la construction d’infrastructures de transport.
- Les pollutions de l’air, des sols et de l’eau
- Le changement climatique (à la fois cause et conséquence)
- La surexploitation des ressources et des espèces sauvages (déforestation, surpêche, utilisation de terres agricoles, braconnage, production énergétique…)
- L’introduction d’espèces exotiques envahissantes
Il faut voir le verre à moitié plein, car si le problème et ses causes sont connus, nous pouvons agir et des solutions d’atténuation existent.
Les enjeux du BTP pour notre bien-être et la préservation de la biodiversité
Parmi les principales causes de l’effondrement de la biodiversité identifiées, le secteur du BTP à son rôle à jouer à travers ses impacts directs ou indirects. Selon un étude menée par la commission Européenne en 2011, les infrastructures construites annuellement en Europe, consomment plus de 1 000 km² de terres ou forêts. Environ la moitié de cette surface, 500 km², est imperméabilisée par des revêtements artificiels comme le bitume ou le béton. S’agissant des impacts indirects du secteur, selon le gouvernement (Chiffres clés du climat – France, Europe et Monde – Édition 2022), la consommation intérieure apparente en matières premières en 2019 était de 772 millions de tonnes, soit 11,5 tonnes par habitant (t/hab.); la moitié concerne les matériaux de construction.
Il s’agit donc d’un secteur qui participe grandement à l’artificialisation des sols et à la fragmentation des milieux naturels, à des pollutions diverses, à la consommation de ressources et aux émissions de grande ampleur de gaz à effet de serre.
Le potentiel d’action du BTP dans la préservation de la biodiversité est donc immense.
Dans un projet de construction (mais aussi de rénovation ou de déconstruction) la prise en compte de la biodiversité dans l’ensemble les différentes phases du chantier est donc primordial. Tous les acteurs, du maître d’ouvrage aux usagers en passant par les entreprises en charge des travaux et les collectivités, ont leur rôle à jouer. Il est important de trouver des solutions spécifiques à chaque projet pour, en priorité, éviter l’impact, le réduire si il ne peut être évité et éventuellement, en dernier recours, le compenser.
Comment et pourquoi intégrer la nature dans le secteur de la construction ?
Le respect de la biodiversité et l’intégration de la nature dans des projets BTP est avantageux pour tous. Outre l’importance de la conservation des écosystèmes, cette prise en compte de la biodiversité dans les différentes phases d’un projet présente des avantages pour le bien être des Hommes dans les zones urbaines mais aussi des avantages financiers et logistiques pour le chantier.
Dans notre intérêt commun, de nombreuses pratiques et solutions techniques ou organisationnelles peuvent être misent en place pour palier, atténuer ou éventuellement compenser les impacts du secteur :
- Choisir un site de construction à faible valeur écologique
- Réaliser un diagnostic écologique du site et ses environs
- Privilégier la rénovation à la construction
- Réduire au maximum l’emprise au sol du projet
- Utiliser des matériaux poreux pour réduire les surfaces imperméabilisées
- Intégrer des îlots de verdure, couverts végétaux et niches écologiques dans le projet
- Construire des corridors écologiques pour réduire la fragmentation des habitats naturels
- Prévoir des solutions techniques pour la gestion des eaux de ruissellement (bassins d’infiltration, tranchées drainantes…)
- Évaluer puis réduire au maximum l’empreinte carbone du chantier
- Utiliser le principe d’économie circulaire pour l’approvisionnement et la gestion des déchets
- Assurer une bonne traçabilité des déchets
- Utiliser des matériaux biosourcés
- Préserver la biodiversité existante pendant la phase des travaux
- Réaliser un planning environnemental pour les phases de travaux en fonction des paramètres écologiques (période de reproduction/nidification, hibernation…)
- Intégrer le biomimétisme dans la phase de conception du projet
- Compenser en créant des zones humides ou écosystèmes de substitution
D’autres solutions existent et peuvent s’intégrer parfaitement et facilement dans un système de management environnemental du projet. Loin d’être une entrave, il s’agit là au contraire, d’une occasion de réduire les consommations et dépendances énergétiques et en matières premières des chantiers tout en préservant notre environnement.
Inclure la nature dans nos villes favorise, non seulement, la création de nouveaux écosystèmes, mais également l’amélioration du confort et du bien-être des citadins. La végétalisation des bâtiments et des sols en ville permet ,entre autres, de réduire significativement les risques d’inondations, de diminuer l’effet d’îlot de chaleur urbain (à notre époque où les épisodes caniculaires sont de plus en plus fréquents et intenses), mais aussi d’améliorer la qualité de l’air ambiant.
Longtemps perçue comme une contrainte, l’intégration de la nature dans les projets du secteur du BTP et les solutions et alternatives existantes apparaissent donc aujourd’hui comme des opportunités pour les acteurs du secteur.
J’ai entrepris une reconversion professionnelle il y a 3 ans en intégrant un cursus d’ingénieur en gestion des risques environnementaux. Sensible aux problématiques et sujets environnementaux, je souhaite participer activement aux changements sociétaux auxquels nous devons faire face. J’accompagne l’équipe Data Science dans les projets liés à la réduction des impacts environnementaux du secteur du BTP, initiés par ALTAROAD. Cette série d’articles me semble être une bonne opportunité d’informer et de sensibiliser sur les enjeux et le potentiel d’action du monde du BTP.