Ces dernières années, l’Europe, mais aussi la terre entière font face à une surconsommation et une surexploitation sans précédent. En effet, la quantité de ressources naturelles renouvelables et non renouvelables extraite chaque année dans le monde ne cesse d’augmenter. Elle s’élève aujourd’hui à 93 milliards par an, c’est-à-dire qu’elle a plus que triplé en cinquante ans. Les sols, les forêts, les océans avec la pêche, les combustibles fossiles et même l’eau potable, sont concernés par cette surexploitation. En plus de participer à l’épuisement de ces ressources précieuses qui n’ont pas le temps de se renouveler, la surexploitation participe fortement à l’érosion de la biodiversité.
À cela s’ajoute le risque de récession économique pour l’Europe qui s’intensifie, comme le déclarait au début du mois de septembre le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni.
Face à ce constat alarmant, la Commission européenne a mis en place un plan d’action d’économie circulaire, dévoilé en mars 2020. Cette mesure économique tend à aboutir d’ici 2050 à une Europe plus respectueuse de l’environnement, plus compétitive et contribuant pleinement à la neutralité climatique.
Mais alors, comment l’Europe prévoit-elle de réussir ce plan d’économie circulaire d’ici 2050 et quels en sont les enjeux clés ? Nous vous proposons de le découvrir ensemble dans cet article.
L’économie circulaire et ses enjeux
Tout d’abord, définissons ce qu’est l’économie circulaire afin de mieux en comprendre les enjeux.
L’économie circulaire est un système économique qui consiste à produire des biens et des services de manière durable en favorisant le prolongement de la durée d’usage des produits, la réutilisation et le recyclage des composants. Il permet ainsi de limiter la surconsommation, le gaspillage des ressources et la production de déchets.
Notre système économique actuel est fondé sur le modèle linéaire du ‘’extraire, fabriquer, consommer, jeter’’. Mais celui-ci n’est plus soutenable. Un des indicateurs clés qui permet de s’en rendre compte est le ‘’jour du dépassement’’. Celui-ci, calculé par l’ONG américaine Global Footprint Network, marque la date à partir de laquelle, chaque année, l’humanité a supposément épuisé toutes les ressources que la Terre est capable de produire et renouveler en un an. Ce qui est alarmant c’est que d’année en année, cette date intervient de plus en plus tôt : en 1970, elle avait lieu le 23 décembre et aujourd’hui en 2022, elle est intervenue le 28 juillet.
Il est évident que la cause majeure de l’intervention prématurée de ce jour du dépassement réside dans les activités humaines. Quand on sait que la production alimentaire est responsable de 70% de la perte de biodiversité terrestre et 50% de celle des écosystèmes d’eau douce, ou encore que l’agriculture est responsable de 80% de la déforestation mondiale et représente 70% de l’utilisation d’eau douce, on peut en conclure que d’ici 2050 il nous faudra l’équivalent de 3 planètes pour subvenir aux besoins de l’humanité. En outre, le changement climatique est lui aussi une conséquence des activités humaines : les émissions de gaz à effet de serre qui en sont à l’origine sont le résultat direct de la combustion d’énergies fossiles, des élevages agricoles ou encore du traitement des déchets.
Mais les enjeux de l’économie circulaire ne sont pas seulement écologiques ; il ne faut pas omettre que la croissance économique mondiale est étroitement dépendante de la consommation de ressources matérielles. En effet, pour répondre à la demande de biens et de services des agents économiques d’un pays, il est nécessaire d’extraire des ressources naturelles, renouvelables (matières énergétiques, eau, biomasse, ressources halieutiques) ou non renouvelables (ressources minérales, minerais, énergies fossiles). De ce fait, l’épuisement des ressources naturelles et ses impacts nous invitent à accélérer la transition économique de l’Europe vers une économie dite ‘’verte’’, mais surtout circulaire.
Le plan d’action de l’Europe pour parvenir à ce nouveau modèle économique d’ici 2050
Face au changement climatique et à la dégradation de l’environnement, l’Europe a décidé de mettre en place des mesures concrètes. La Commission européenne a lancé en mars 2022 un premier paquet de mesures visant à accélérer la transition vers une économie circulaire. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du “Pacte Vert”, une feuille de route établie en 2019 ayant pour objectif principal d’engager l’UE sur la voie de la transition écologique et énergétique.
Le plan de l’Europe pour l’économie circulaire est réparti en 3 domaines d’action que sont la production, la consommation et la gestion des déchets.
Quels sont les 7 principes clés de l’économie circulaire pour lesquels il est nécessaire de progresser ?
1. La production :
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- l’approvisionnement durable : établir un mode d’extraction des ressources visant à limiter les rebuts d’exploitation ainsi que l’impact sur l’environnement (exploitation des matières énergétiques, minérales, agricoles et forestières) mais aussi sociaux.
- l’éco-conception : optimiser ou définir des méthodes de production d’un produit ou d’un service permettant d’en limiter l’impact environnemental et ce tout au long de son cycle de vie.
- l’économie industrielle et territoriale : mener des actions sur un territoire de façon à en économiser les ressources présentes ou en améliorer la productivité.
- l’économie de la fonctionnalité (ou durable) : privilégier l’usage à la possession en remplaçant la vente d’un bien matériel par la vente d’un service associé.
2. La consommation :
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- la consommation responsable : adopter ce mode de consommation par lequel l’acheteur prend en compte les impacts environnementaux de ses produits ou services avant de les acheter. Il s’agit également de lutter contre l’obsolescence, qu’elle soit programmée ou par effet de mode, afin de conduire à une consommation raisonnée.
- l’allongement de la durée d’usage : mettre en place des moyens permettant d’allonger la durée de vie d’un produit, que ce soit par la réparation, la vente d’occasion, le don ou encore le réemploi par réparation.
3. La gestion des déchets :
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- la valorisation et le recyclage : optimiser le traitement des déchets permettant leur réintroduction dans le cycle de production dont ils sont issus afin de fabriquer de nouveaux produits.
Ces différentes mesures en matière de circularité et de durabilité concernent particulièrement sept secteurs essentiels de l’Europe qui doivent être transformés : les plastiques, la filière textile, l’électronique, l’alimentaire, l’emballage, l’automobile et le secteur BTP. Pour chacun de ses secteurs, les acteurs économiques et les consommateurs jouent une part très importante dans le respect des mesures qui ont été établies comme suit :
- Les plastiques : utiliser seulement les plastiques pouvant être recyclés et éliminer progressivement l’utilisation de microplastiques. À terme, tendre vers 100% des plastiques recyclés en 2025.
- Les textiles : garantir d’ici 2030 une plus longue durée de vie des textiles, les rendre recyclables autant que possible et exempts de substances dangereuses.
- Le matériel électronique et électrique : promouvoir l’allongement de la durée de vie des produits en favorisant la réutilisation et la réparabilité.
- L’alimentaire : réduire de moitié le gaspillage alimentaire et de l’eau d’ici 2030, et ce, aussi bien durant la production et la distribution, qu’au sein des ménages.
- Les emballages : mettre en place de nouvelles règles visant à garantir que tous les emballages sur le marché de l’UE soient réutilisables ou recyclables d’ici 2030.
- Les véhicules et batteries : réduire l’impact carbone de la production des batteries de véhicules et vérifier que les matériaux utilisés respectent les droits de l’homme et les normes écologiques.
- La construction et les bâtiments : augmenter la durée de vie des bâtiments, fixer des objectifs pour réduire l’empreinte carbone des matériaux utilisés et définir des exigences minimales en matière d’efficacité énergétique et de ressources.
Le plan d’économie circulaire de l’Europe réunit donc des enjeux à la fois écologiques, sociaux et économiques. Ces enjeux sont multiples et nécessitent une synergie entre les différents engagements de ce nouveau modèle économique. Sa viabilité repose en outre sur une sensibilisation des citoyens (acteurs économiques et consommateurs) aux enjeux de la protection de l’environnement, de la lutte contre le réchauffement climatique, contre le gaspillage alimentaire ou encore du recyclage des déchets. Cet effort commun pourra, d’ici 2050, aboutir à la réalisation des objectifs clés du plan d’économie circulaire, mais aussi présenter des avantages certains pour les entreprises en termes de compétitivité.
Enfin, l’économie circulaire permet la création d’emplois pérennes et non délocalisables.
Ainsi, en adaptant notre quotidien à ce nouveau modèle circulaire, chacun a tout à y gagner !
Chargée de marketing digital chez Altaroad et étant intéressée par la digitalisation de l’industrie de la construction, je m’intéresse particulièrement aux nouveaux outils mis en place. Je publierai régulièrement des articles liés aux enjeux du secteur du BTP, les problématiques, les actualités, etc.